À Paimbœuf, les cibistes n’ont pas cessé d’émettre

Article de: Brice BACQUET le 14/04/2017
 Malgré le téléphone, la messagerie, les réseaux sociaux, des irréductibles se passionnent encore et toujours pour la cibie, ces canaux radios ouverts à tous.

« 14 Sierra Romeo Oscar Loup blanc, opérateur Frank, QRM pro chauffeur routier, QTH Paimbœuf, je passe à l’écoute », lâche Franck Pascaud, au volant de sa voiture. Ce Paimblotin passionné de cibie vient simplement d’indiquer qu’il était Français, membre de l’association SRO (Signaleurs Région Ouest), chauffeur routier de profession et habitant de Paimbœuf.

Le cibie (CB de l’anglais Citizen band), c’est aussi le poste de radio installé dans sa voiture avec lequel il capte les fréquences libres autour de 27 MHz pour communiquer avec les autres utilisateurs. Franck Pascaud est président de l’association SRO à Paimbœuf. Ce jour-là, il est accompagné de deux amis cibistes venus de Tarbes. Ils ont tous commencé dans les années 1980. « Je discutais avec un livreur de fruits et légumes à l’aide d’un talkie-walkie amélioré, se remémore le féru paimblotin, et c’est devenu une passion dévorante. »

Des crépitements et d’autres sons parasites retentissent, il trafique avidement le bouton pour capter un signal. « Ce bruit-là, c’est une porteuse, ça veut dire que la fréquence est utilisée par un tiers, un bâtiment administratif ou un château d’eau par exemple », explique Jean-Marc de Tarbes, alias Pimpon65.

« Lancer une bouteille à la mer »
« Il y a un côté utile, ça me fait plaisir d’indiquer le chemin à un routier perdu », raconte Franck Pacaud. Les utilisateurs de cibie sont des mordus de radios. « C’est un moyen légal, gratuit et autorisé au volant », insiste-t-il encore. Certains, comme Pimpon65, sont férus de communications longue distance.

« Je lance des bouteilles à la mer au hasard, confie le Tarbais, ça peut prendre des mois avant qu’on me réponde ». Il a déjà conversé avec un Canadien, un Mauricien, un Réunionnais, un Équatorien ou même un Nigérien. « On parle de tout, de religion, de politique en toute liberté », poursuit-il. Il collectionne ainsi un millier de confirmations de contact, ces cartes postales que les cibistes s’envoient pour se rappeler leurs échanges.

Plus qu’un hobby
« On nous prend pour des Ovnis ou des reliques d’un autre temps, s’amuse Jean-Marc, mais c’est avant tout un moyen de communication pratique ».

Les associations ont dû s’organiser pour subvenir à leur passion, joindre l’utile à l’agréable. « On intervient en collaboration des forces de l’ordre dans les manifestations sportives et culturelles ou pour dévier la circulation en cas d’accident », explique le président des SRO. Par exemple, soixante-cinq bénévoles ont couvert des points de passage du carnaval de Pornic, le week-end dernier.

« Grâce un dispositif CB portatif, un talkie-walkie, on a pu rapidement signaler deux malaises dans la journée », s’enthousiasme Pimpon65. Pour Patrick, alias TBM65, l’intérêt est de pouvoir « communiquer avec tout le monde sur une même fréquence pour rassembler les forces de sécurité ».

La Fédération française de la Citizen Band Libre réunit 46 associations de signaleurs et des passionnés. Des gens, comme Patrick et Jean-Marc, qui gardent le contact avec des amis lointains ou interviennent lors d’événements. « Sans ça, comment je ferai pour avoir des nouvelles de mes amis tarbais ? », sourit Franck Pascaud.

Les 15 et 16 avril, l'assemblée générale de la Fédération française de la Citizen Band Libre se tient à la salle polyvalente de Frossay.

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